Le symbole une traduction mystérieuse de notre inconscient 

Qu’est-ce donc que le symbole? La définition de départ d’après le petit Robert, corroboré par le dictionnaire des symboles nous dit que le symbole représente quelque chose d’autre. C’est à dire qu’il y aurait une différence entre ce qui est dit et ce qui est en réalité désigné ; entre le signe et le signifié. en fait, le mot symbole est tellement riche et vaste que la plupart des gens l’utilisent en toutes circonstances, sans vraiment savoir ce que cela veut dire. Car il y a toujours eu un grand fossé entre les notions de signe et le signifié.

Un exemple

Le symbole est un messager de l’inconscientPrenons un exemple : un éléphant, comme symbole, ne désigne pas le pachyderme gris de ce nom. Le symbole de l’éléphant c’est la force, la grande taille, le sentiment de puissance ou de sécurité et tout ce qu’on y associe, ou peut-être même d’autres choses ! De plus, l’ensemble de ces « images » peut varier d’une culture à une autre, d’une civilisation à une autre.

D’ailleurs, l’image qui renvoie à l’éléphant est tout simplement un signe ayant un rôle symbolique dans la mesure où l’animal est absent. On peut aisément dire alors que le symbole est une absence, un silence…, mais un silence « parlant » qui exprime un rôle ou une attitude. C’est une des beauté méconnue du symbole.

Signification du symbole

Il y a des symboles dont on connaît la clef, variant selon les cultures. Par contre, dans bien des cas, le symbole renvoie à une expérience personnelle, ou à un vécu intérieur, et peut rester énigmatique.

Du coup, le langage symbolique permet d’exprimer une expérience intérieure un peu comme s’il s’agissait d’une expérience extérieure.

Cette « expérience intérieure » est intimement liée à l’inconscient et les images qui sont véhiculées sont tout simplement des symboles de ce qui a été vécu. Cependant, leur compréhension reste obscure pour la logique humaine et au langage. Pour reprendre une belle expression de Frenet, le symbole est un « messager » de l’inconscient.

Utilisation thérapeutique du symbole

Dans un travail d’imagerie mentale (rêve éveillé), on est capable d’atteindre des symboles oniriques disposant d’un fort potentiel thérapeutique, bien plus que celui du rêve nocturne. De plus, il est possible d’avoir un scénario de départ qui va permettre de faire remonter doucement et librement, l’inconscient de l’individu au sujet de certains aspects de son vécu. Il est alors possible grâce à des techniques bien précises de découvrir les véritables besoins de l’individu et même déceler ses angoisses cachées.

La personne sera par la suite capable de découvrir sa personnalité et surtout de se donner un peu plus d’importance en respectant davantage la totalité de sa personnalité. Elle se sentira alors plus en sécurité pour se découvrir capable d’accueil, geste par lequel elle s’accueillera elle-même. À ce moment, elle sera aussi en mesure d’absorber ses angoisses et résoudre ses besoins fondamentaux. On touche ici incontestablement à un aspect profondément thérapeutique de l’utilisation du symbole. C’est ce qu’Assagioli nomme l’intégration des composantes de la personnalité autour du Soi. On peut aussi utiliser la puissance du symbole en développement personnel comme dans la formation Mon trésor.

Le symbole est très puissant en thérapie et c’est pourquoi je l’utilise dans plusieurs techniques.

 

Texte source:
… mais plus sérieux car c’est extrait un de mes travaux universitaire! 

LE SYMBOLE
Partie 1: ORIGINE ET RÔLE THÉRAPEUTIQUE

QU’EST-CE QUE LE SYMBOLE ?

Le symbole onirique

Qu’est-ce donc que le symbole? La définition de départ d’après le Petit Robert, corroboré par le dictionnaire des symboles nous dit que le symbole représente quelque chose d’autre. Il y a disparité entre le signe et le signifié. Par exemple, un éléphant, comme symbole, ne désigne pas le pachyderme gris de ce nom, mais la force, la grande taille, le sentiment de puissance ou de sécurité ou encore un autre contenu déterminé par un groupe de personnes la culture. L’image de l’éléphant est le signe, qui a un rôle symbolique, car désigne autre chose que sont signifié conventionnel, car celui-ci est absent. Symbole égal une absence, un silence. 1

Déjà on voit une nuance importante entre certains symboles. Il y a des symboles dont on connaît la clef, d’autres non. Dans bien des cas, c’est le contexte culturel ambiant qui fournit la juste interprétation du symbole. Dans d’autres cas, le signifié est déterminé arbitrairement comme l’ictus qui désignait le christ pour les chrétiens de l’époque des persécutions. En ce cas, les initiés comprenaient ce symbole issu d’un acrostiche, mais les autres personnes n’y voyaient qu’un poisson. Cependant, la plupart du temps, le signifié n’est pas déterminé d’une manière aussi tranchée. En fait, il n’est souvent pas déterminé du tout et de plus, il est multiple.

Il existe des symboles dont la portée est universelle ou du moins largement collective et il sera intéressant de se pencher plus loin sur leur source, mais il y a aussi des symboles dont le signifié est complètement subjectif. Le symbole renvoie alors à une expérience personnelle. Il arrive assez souvent en ce cas que le sens du symbole soit assez mystérieux et c’est ici que les choses deviennent des plus intéressantes. « La langue symbolique est une langue dans laquelle nous exprimons l’expérience intérieure comme s’il s’agissait d’une expérience extérieure ».2

Cette « expérience intérieure » fait appel à l’inconscient. Pour reprendre une belle expression de Frenet, le symbole est un « messager » de l’inconscient. Mais qu’est-ce que l’inconscient?

La conception de Freud du système psychique est assez connue. Pour la résumer très sommairement, on peut rappeler que la première instance, le « Ça » guidé par la pulsion de plaisir, les instincts, est contrôlée par le « Surmoi » qui assimile les interdits parentaux, refoulant les désirs du Ça, les gardant soigneusement dans l’inconscient. Le « Moi » pour sa part, s’efforce de faire l’équilibre entre le Ça, le Surmoi et la réalité, travail en grande partie inconscient également. C’est ainsi que l’inconscient se remplit d’un grand nombre de désirs refoulés, de perceptions discriminées, de tensions inavouées. À cette vision très prosaïque des composantes de la personnalité psychique, Jung a ajouté la notion du « Soi » qui implique des aspirations d’un autre niveau permettant de supposer des désirs d’accomplissement personnels et subjectifs différents des simples pulsions primitives. Le bassin de l’inconscient s’enrichit donc d’autres éléments. Ce sont tous ces contenus inconscients qui constituent les messages de l’expérience intérieure qui s’expriment par les symboles, tout particulièrement dans les rêves.

À la source du symbole subjectif, il y a également ce que Freud a nommé la fonction de symbolisation. Cette fonction par laquelle l’enfant, n’ayant pas encore accès au langage, emmagasine ses affects sous forme d’image mentale. Ces images sont les symboles de ce qui a été vécu, mais leur compréhension reste obscure à la réflexion logique et verbale de l’adulte. Cette ambiguïté de la signification des symboles imagés a longtemps rendu méfiant face aux rêves, mais il revient à Freud d’en avoir retrouvé l’intérêt, découvrant que ces symboles oniriques ont une signification qui a sa source dans l’inconscient. C’est ainsi que Freud s’est intéressé aux rêves.

Le Rêve

Le rêve est un cryptogramme. C’est bien un symbole, car le rêve a deux contenus : le contenu manifeste, celui qui est perçu et le contenu latent qui est le véritable, mais auquel on ne peut accéder que par l’interprétation du symbole. Selon Freud, précurseur dans l’interprétation thérapeutique des rêves, ce contenu latent serait en fait un désir inconscient prenant sa source dans les parties les plus primitives de notre psyché. Ce désir serait rendu méconnaissable par la forme symbolique par le phénomène de résistance qui tente d’épargner au rêveur le désagrément qu’entraîne la prise de conscience de ses désirs. Cette position ne fait pas l’unanimité et Jung dira plutôt que le travestissement du symbole onirique « résulte simplement de la difficulté que nous éprouvons en général à saisir le contenu affectif du langage imagé ».3

On voit donc que plusieurs penseurs à la suite de Freud se sont penchés sur les symboles oniriques et ont élaboré d’autres systèmes de compréhension du rêve. Pour donner un aperçu rapide, on peut résumer que si, pour Freud, la source du rêve est un désir inconscient très primitif, pour Adler, cette source est plutôt dans un profond désir de supériorité. Jung pour sa part considère que le rêve répond à un but qui peut être interprété par amplification. Une autre vision intéressante est celle de Fromm qui voit dans le rêve de puissantes intuitions, fruit d’opérations intellectuelles supérieures tout autant que primitives.4 Plus tard l’idée sera avancée que les divers symboles du rêve représentent tous divers aspect de soi-même. Toutes ces approches et visions différentes sur la source symbolique des rêves peuvent se compléter, car il n’y a pas de recettes absolues pour interpréter un rêve, il faut au contraire du doigté et une bonne attention au vécu de la personne ayant fait le rêve.

Jung propose quatre formulations sur la signification éventuelle du rêve parmi de multiples possibilités : 1 – réaction inconsciente à situation consciente 2 – révélateur de conflit entre conscient et inconscient 3 – présentation de la tendance de l’inconscient à vouloir influencer l’attitude consciente 4 – rêves sans rapport apparent, à valeur collective ou oracle.5 À partir de là, et en lien avec d’autres propositions, Marie-Line Morin prose une méthode d’interprétation basée sur quatre sources possibles : 1 – vécu de la veille (résidu du jour, Freud) 2 – préoccupation (situations conscientes du rêveur, Jung) 3 – refoulements des pulsions de l’enfance (conflits entre Ça et Moi, Freud) 4 – aspiration, valeur humaine et spirituelle (Jung et Assagioli)6

Toutes ces théories sur les rêves et leur signification puisée dans un vécu affectif difficile à déchiffrer peuvent paraître surprenantes à certains. Ne trouve-t-on pas une abondance de dictionnaires répertoriant les symboles des rêves donnant ainsi simplement la clef de leur interprétation? On y trouve ce que signifie le coquelicot ou le jaune. N’est-ce pas tout simple? Comment les symboles peuvent-ils être des représentations d’affects subjectifs, de conflits internes très personnels et en même temps avoir des significations universelles? La question est importante et a intrigué même les plus grands, en effet, Freud a alterné entre la fonction de symbolisation et le concept, apparemment divergent, de la signification constante des symboles. Jung pour sa part a fortement affirmé la subjectivité du symbole, mais a aussi développé le concept des archétypes qui sont universaux.7  Sans s’arrêter sur la valeur très relative des dictionnaires de symboles, il faut prendre le temps d’étudier ce qui en est des symboles universaux.

D’après Fromm, un symbole universel est un symbole qui a un rapport intrinsèque avec son signifié. Dans quelle mesure est-ce que l’on peut dire que les symboles de nos rêves peuvent ou non avoir un tel rapport? Parallèlement Jung, qui considère que l’inconscient a aussi une dimension collective, nous parle de l’origine des symboles collectifs : « leur origine nous fait remonter si loin dans le mystère du passé qu’ils semblent n’avoir pas d’origine humaine. Mais ils sont en fait des “représentations collectives”, émanant des rêves et de l’imagination créatrice primitifs ».8 Pourtant si ces images se sont formées dans la plus prime enfance selon la fonction de symbolisation de Freud, avant l’accession au langage, avant un début de compréhension du monde environnemental, dans la lutte entre le Ça réclamant son plaisir et le Moi négociant un rapport à la réalité et aux différentes pulsions se vivant au plus intime de l’individu… alors comment ces images peuvent-elles référer à des significations puisées dans un bassin culturel collectif? Il n’y a pas de réponses absolues à cette question, mais des pistes de compréhension qui se complètent, enrichissant d’autant plus la profondeur des symboles oniriques.

La comparaison de nombreux rêves et plus encore l’analyse de nombreuses séances de rêve éveillé démontrent clairement qu’il existe des constantes souvent étonnantes dans les rêves de différents individus. Jung propose qu’il y ait à la fois des significations qui relèvent du domaine extrêmement subjectif de chaque personne humain tout en ayant des points de rencontre sur certains éléments fondamentaux qu’il nomme les archétypes. Il affirme également que le rêve puise au plus profond de nous-mêmes et au – delà : « Le rêve n’est rien d’autre qu’une inspiration qui nous vient de cette âme obscure et unificatrice. Qu’y aurait-il de plus naturel, une fois que nous sommes perdus dans les détails infinis et dans le labyrinthe de la surface du monde, de nous arrêter au rêve pour y rechercher les points de vue susceptibles de nous ramener à nouveau à proximité des faits fondamentaux de l’Existence humaine? ».9 Une dimension qui rejoint les archétypes et la similitude entre la trame de fond de certains rêves au-delà de leur image autrement fantaisiste et les grands mythes qui jalonnent l’avancée de la conscience culturelle. « On trouve, dans beaucoup de rêves, des images et des associations analogues aux idées, aux mythes et aux rites primitifs. Ces images oniriques ont été appelées par Freud [résidus archaïques]. L’expression suggère qu’elles sont des éléments psychiques datant de temps lointains qui survivent dans l’esprit de l’homme. »10

Comment des éléments datant de temps lointains peuvent-il survivre dans notre psychisme? S’agit-il d’une idée par trop ésotérique? À moins que la structure même de notre psychisme et de son substrat neurologique puisse l’expliquer. Ce pourrait être le cas de la théorie du cerveau tri-unique.

 Isabelle Arsenault, M.A., c. c.c. (2006)

Remis en 2006, Université de Sherbrooke.

 

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Références:

1-Cf. Carl Gustav JUNG, L’homme et ses symboles, Laffont, Paris, 1990, p. 134
2-Idem p. 15
3-Idem p. 43
4-cf. Idem p. 42
5-Carl Gustav JUNG, Sur l’interprétation des rêves, Albin Michel, Paris, 1998 p. 17-18
6-Marie-Line Morin, « souffrance et aspiration de l’inconscient dans l’histoire » in TREMBLAY, Jacques, dir, La force symbolique des histoires : pour une croissance humaine et spirituelle des jeunes, Medias Paul, Montréal, 1998, p. 60
7-Carl Gustav JUNG, op. cit. p. 50 8 Idem p. 18
8-Idem p. 55
9- Carl Gustav JUNG, L’homme à la découverte de son âme, Albin Michel, Paris, 1987 p. 81
10- Carl Gustav JUNG, L’homme et ses symboles, op. cit, p. 47