En primeur pour vous: un résumé de chapitre, à l’occasion du lancement du livre « Ma confiance » rassemblant des articles de plusieurs académiciens du Zéro limite, « Ma confiance, les clés pour me réaliser pleinement« .

Elle était là, devant moi, dans mon bureau, toute recroquevillée dans sa chaise, se faisant petite. Sylvie me racontait son histoire en faisant des efforts héroïques pour trouver ce qu’elle aurait pu faire autrement, ce qu’elle devait changer… en quoi est-elle responsable?

Bâtir une confiance profonde rapidementSon conjoint, un homme persuasif, mais droit, ayant toujours une réponse rapide, organise leur vie, gère leurs économies en lui montrant tout le bien qui en ressortira un jour. Il s’attend en retour à ce qu’elle gère la maison, les enfants, son boulot à elle, ses besoins à lui… lui faisant toujours sentir qu’elle n’arriverait à rien sans lui.

Sa voix baisse encore lorsqu’elle demande si elle est vraiment trop exigeante, la pauvre! Elle a tellement peur d’en de- mander trop qu’elle ne demande pratiquement rien.

– Hum, je t’écoute et j’ai l’impression que tu te sens terriblement vulnérable… 

– Toute petite, minuscule, c’est pour cela que j’ai besoin de lui, il me fait voir comment comprendre les choses. 

– Comme si tes pensées à toi ne pouvaient pas tenir la route.

– Moi, je ne sais pas dire des belles choses comme lui….
– Dis-moi, est-ce que tu as le sentiment qu’il te respecte?
– Ben oui, il me dit qu’il me trouve belle… 

– Et tu te sens respectée parce qu’il te trouve belle. Est-ce que tu as le sentiment qu’il respecte la personne que tu es, qu’il tient compte de tes besoins et de tes opinions à toi ? 

– Mais c’est que je suis tellement rien qu’il est déjà bien patient de me supporter! 

– On dirait que la confiance en toi a été saccagée et depuis long- temps. 

– Oui…., tellement! 

Et à ce moment, son corps se relâche, les épaules s’affaissent et elle com- mence à pleurer doucement ; c’est enfin vu et nommé. Un soulagement indicible se fait sentir dans la pièce en même temps que la douleur et la tristesse de ce constat nommé.Le travail peut commencer.

Comment est-ce que je peux aider Sylvie à grandir dans sa confiance?

Je la vois dans le cadre d’un programme d’aide aux employés qui ne m’accorde qu’un tout petit nombre de rencontres.

La quête 

Alors, qu’est-ce que je fais pour accompagner Sylvie qui fait face à un conjoint contrôlant et dévalorisant?

Tout d’abord, je ne peux rien changer aux personnes auxquelles mes clients font face, mais je peux les aider à leur faire face (… et parfois s’en éloigner!).

Face au manque de confiance en soi dans ma pratique de psychothérapeute, j’ai exploré différentes approches qui m’ont semblé insuffisantes. C’est toute une quête que j’entreprends pour mettre en place une solution nouvelle, mais basée sur des éléments éprouvés, tout en intégrant mon bagage d’expériences.

Je vous emmène avec moi dans le tour d’horizon qui valsait dans ma tête alors que je cherchais les meilleurs moyens d’aider Sylvie.

La confiance, comment ça se développe? 

Cela se met en place comment la confiance? La mise en place de l’estime implique une relation contenant un minimum essentiel de bienveillance qui renvoie à la personne le message qu’elle vaut quelque chose. La confiance implique de faire des expériences et des apprentissages.

Un bébé découvre qu’il peut être aimé, donc qu’il a de la valeur, dans les yeux de sa mère qui le regarde, le soutient dans toutes ses étapes. Il apprend à marcher en s’y asseyant, en tombant et en recommençant jusqu’au moment où il a la confiance de pouvoir s’élancer.

Par la suite, les choses peuvent encore se gâter. Il y a le décalage entre l’image que l’on a de nous-mêmes et la perception du regard des autres ou de nos réussites/échecs. Bref, tout un tas de nuances qui peuvent soit semer le doute, soit confirmer la valeur. Le manque de confiance est une souffrance très insidieuse et envahissante qui résulte en gros d’une perception de ne pas suffisamment correspondre à ce qu’on perçoit qu’on « devrait être ».

Je suis bien équipée pour travailler la confiance et l’estime dans le suivi à long terme, alors que la relation thérapeutique. Cependant, plusieurs de ces personnes m’arrivent par le biais d’un pro- gramme d’aide aux employés ne leur procurant que six, voire trois rencontres!

Et face à une personne dont l’estime est aussi profondément atteinte que Sylvie, il faut beaucoup plus de doigté, tout comme il en faut face à un homme à qui on a toujours appris à ne pas regarder vers lui-même.

L’une des difficultés est que, quand le manque de confiance est profond, tout ce qui est dit pour valoriser est rejeté. Notre organisme veut se protéger contre une vision trop foncièrement éloignée de la perception de soi. On ne peut strictement pas se forcer à avoir une meilleure estime de soi. C’est le phénomène de réactance.

Les approches desquels je m’inspire 

Attachement sécurisant 

Voyons les points forts auxquels je me raccroche et que je souhaite conserver.

À la base, il y a pour moi les recherches faites pas Bowlby sur l’attachement sécurisant. Un truc merveilleux qui explique comment le jeune enfant développe le sentiment de sécurité, basé sur l’attachement avec sa figure parentale de référence. Si cet attachement est de type sécurisant, l’enfant peut alors y puiser confiance pour aller explorer plus loin, vivre des expériences, venir se rassurer, puis repartir explorer un peu plus loin, accumulant les expériences nécessaires à l’établissement d’une bonne confiance en soi.

D’autres approches de psychothérapie obtiennent de bons résultats dans le traitement du manque de confiance en soi. Alors bien que ce ne soit pas mon approche, je passe quand même les visiter, car j’aurais sûrement intérêt à m’inspirer de quelques principes ou méthodes éprouvés qui enrichiront ma compréhension et les perspectives de traitement au court terme.

La thérapie cognitive comportementale 

La thérapie cognitive comportementale (TCC) est un incontournable dont les résultats sont démontrés par de nombreuses études. Bien que je sois moi- même d’approche humaniste, c’est avec respect que je viens y puiser des précisions, car cette approche est très spécifique, veillant à identifier l’essentiel d’une problématique précise pour y trouver, à travers sa recette globale, l’ajustement spécifique.

Dans le cas du travail sur le manque de confiance en soi, ce processus utilisera des exercices d’exposition, mais aussi des jeux de rôles destinés à amener la personne à mieux se connaître, se découvrir avec lucidité incluant l’acceptation de ses forces tout comme de ses faiblesses, puis à s’affirmer même au risque de rencontrer un certain échec qui ne sera plus dramatisé.

L’analyse transactionnelle 

L’analyse transactionnelle (AT) fait partie de mes inspirations, notamment avec son modèle situant les facettes de notre personnalité selon leurs immanquables tendances à se cristalliser autour d’états du moi qui sont enfant, parent et adulte.

Chez les personnes qui manquent de confiance en elle, la présence d’un « parent critique » intérieur est souvent très forte et tyrannisante. La thérapie en AT vise à développer un regard bienveillant envers soi-même, réaliste envers ses compétences et acceptant d’avoir des limites. J’ajoute ces autres ingrédients à ma mijoteuse.

 

La programmation neuro-linguistique 

La programmation neuro-linguistique (PNL), vaste approche pragmatique qui vise le développement personnel des individus, est basée sur des méthodes qui ont prouvé leurs efficacités par des résultats tangibles. C’est pour moi une vaste boîte à outils de qualité. Je retiens ici, pour le travail sur la confiance en soi, les notions de modélisation, de référence interne, de modification des représentations mentales sensorielles et d’ancrage.

La neurologie 

Finalement, des études contemporaines de neuropsychologies … heuu, ok, je vais essayer de ne pas vous perdre en route, car moi, quand je tombe dans les études de neuro, j’ai un plaisir fou! Alors j’essaie de rester simple…

Ces études donc, démontrent le rôle important de l’ocytocine dans le développement de la confiance. L’ocytocine, c’est… mettons le genre d’hormone (en réalité le neurotransmetteur) qui se dégage entre une maman et un bébé qui la regarde avec des grands yeux candides. L’ocytocine consolide l’attachement et aussi la confiance.

Ensuite, toutes les découvertes sur la plasticité neuronale ouvrent grande les portes de l’espoir et valide l’efficacité du travail thérapeutique. En effet, notre cerveau est préprogrammé pour des millions et des milliards d’expériences lorsque l’on naît. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut changer certains de ces éléments pour remodeler des circuits neuronaux plus aptes à assurer notre épanouissement. Pour le faire, on a intérêt à passer par les fonctions du système limbique, là où se fait l’encodage de nos apprentissages.

Le système limbique, c’est…comment dire simplement : c’est un bizarre d’en- semble hétéroclite, datant d’avant la matière grise, très efficace, mais pas du tout rationnel. C’est le poste de contrôle de tout ce qui entre dans nos perceptions, là où le système d’alarme juge s’il faut déclencher la peur ou d’autres émotions. C’est le poste de contrôle que l’on voit dans le film « Sans dessus dessous », mais c’est aussi une partie du cerveau qui n’a pas encore accès à l’abstraction, au langage ou à la logique.

En utilisant les fonctions de représentation visuelle et sensitive du système limbique, on peut aller jusqu’à le duper, car si on utilise bien son écran de cinéma, le cerveau traite cette information exactement comme si on avait vécu l’expérience réellement!!! Voilà qui est intéressant, très intéressant!

De plus, cette représentation mentale, cet écran de cinéma, il est visuel, sensitif, mais pas du tout logique, ainsi une visualisation réaliste fonctionne… mais aussi une visualisation purement symbolique!

Ouf, cela en fait des beaux ingrédients à ajouter à ma recette.

Une nouvelle recette 

Bon, maintenant je reviens à ma mijoteuse d’où s’échappent des odeurs ré-confortantes. Il est grand temps de soulever le couvercle pour voir comment harmoniser et assaisonner ces ingrédients afin d’en constituer une recette efficace et fortifiante. Voici donc mon inventaire:

Ingrédients:

– réactance
– perception de soi
– attachement sécurisant
– relation, regard, intimité, accueil – regard bienveillant sur soi
– se découvrir aimable
– symbole
– exposition
– jeu de rôles
– parent critique
– référence interne
– ancrage
– ocytocine
– plasticité neurone
– apprentissage par visualisation
– représentation mentale et sensorielle
– symbole
– … et une bonne sauce d’humanisme!

Wow, c’est appétissant, mais je fais quoi maintenant avec tous ces beaux ingrédients?

Mon approche humaniste m’ancre fortement dans la conviction que la personne qui est devant moi, si vulnérable soit-elle à ce moment de sa vie, détient en elle ses solutions.

C’est ainsi que j’en suis venu à accompagner mes clients dans l’identification d’une figure symbolique correspondant à la force dont ils ont besoin de se développer eux-mêmes.

C’est justement la mise en place de cette méthode qui est présenté dans mon chapitre du le livre « Ma confiance, les clés pour me réaliser pleinement tome1 ». J’y décris également les résultas surprenants obtenus dans le cas de Sylvie.